À propos
Nous avons envie de prendre acte de ce qui change autour de nous : une tempête au mois de mai, le nouveau tri proposé par la communauté de communes, l’eau qui manque dans nos jardins chaque été mais aussi nos imaginaires, notre rapport au temps qui ont été bien bousculés par cette dernière année de privation sociale et de silence sur les routes et dans le ciel. Tout ça nous a forcé à devenir, plus encore pour certaines personnes, des observatrices de la vie comme elle se déploie dans notre campagne. Nous avons pu, effet d'aubaine, explorer autrement, à pied, les distances, les chemins jamais empruntés.
C’est cette expérience de disponibilité faite d’incertitude que nous souhaitons poursuivre sur ce terrain des Serves. 
On dit de ce lieu, sur sa partie haute, que c’est une « friche ». Mais qu’est-ce qu’une friche sinon un vestige de l’exploitation humaine ? Son empreinte, au sens poétique de traces dans la neige ou la boue à ceci près que les traces en question sont celles d’interventions conquérantes, exploitantes, hérculéennes à bien des égards mais dont on découvre les effets cumulés de la déprise : la flétrissure, les blessures d’un milieu qui était une forêt (avant d’être en remontant le temps : un chantier de terrassement, une coupe-rase, une plantation, une prairie…) et qui a repris ses droits, sa libre-évolution. Un autre mot pour décrire ce paysage nouveau est accrue forestière. C’est le stade pré-colonisateur de la forêt, on l’appelle aussi fourré, prébois. Ces mots décrivent la même situation et sonnent, pourtant, bien différemment à nos oreilles.
Nous, vous qui longeons cet endroit en voiture en vitesse, plus lentement sur le chemin qui le borde, au ralenti en le traversant, constatons que depuis 6 ans il a indéniablement changé. Des interventions bénévoles ont permis de dégager des genêts, de creuser, avec le soutien de la commune, un fossé pour endiguer le ruissellement qui empêchait le sol de se reconstituer, de planter une haie, des arbres, d’installer un rucher école.
Aujourd’hui la forêt gagne du terrain en étendant sa lisière constituée de ronces, genêts, noisetiers, sureaux, sorbiers. C’est une passerelle informationnelle nécessaire à la vie de la forêt et qui, à cet endroit, menace une singularité de ces parcelles : les serves. Elles représentent une autre diversité, un autre milieu spécifique avec sa flore, sa faune, son intelligence symbiotique propre.
Que faire avec ces données là ?
C’est à cette question que nous vous proposons de nous atteler collectivement. Parce que cette terre appartient à la commune, parce qu’elle fait partie de ce que nous voulons envisager en commun, en réfléchissant, en apprenant sur les autres modes d’être vivant au monde que sont les sols, les bactéries, les champignons, les animaux, les végétaux, les insectes. Dans l’objectif de vivre ensemble, mieux.